Langue vivante, pour combien de temps encore ?

Je m’interroge souvent sur le devenir de la langue française et notamment écrite. Toute langue évolue, c’est bien normal. Lorsque l’on regarde derrière soi, ou que l’on ouvre le Larousse des années 80, bien des mots ne sont plus utilisés, leur orthographe est transformée parfois, et chaque année de nouveaux mots apparaissent.

Ce qui me questionne, c’est davantage la maîtrise de la langue. L’arrivée de la communication digitale a transformé notre rapport à l’écrit. La faute à qui ? Aux SMS très certainement, à Facebook, aux mails, à l’Education nationale… On pourrait en trouver des coupables.

 

 

Ce que j’observe, c’est que la communication numérique a le mérite d’ouvrir le champ des connaissances à tous et donne à chacun la possibilité de s’exprimer. C’est ce qui est extraordinaire. Et donc oui, certains font des fautes, oui certains même sont des traumatisés de l’orthographe, mais finalement ils ne font que s’exprimer. Ils ont bien raison. C’est leur droit ! Le web n’est pas un espace réservé aux surdoués de l’écrit. En cela, les réseaux sociaux, et plus globalement, la communication numérique facilitent les choses et lèvent bien des tabous.

 

 

Je pense que l’on ne peut pas être bon partout et même si parfois, cela prête à sourire ou me hérisse le poil — je l’avoue — je ne juge pas et reste bienveillante. Car, je sais pertinemment que la maîtrise de l’écrit n’est pas indispensable pour devenir un bon technicien, une bonne coiffeuse, ou un bon pâtissier.

 

 

En revanche, chez certains, c’est indispensable et c’est bien là où cela me pose problème. A l’heure de l’information en continu, du « tout, tout de suite », je lis sur la Toile des articles de presse bourrés de fautes, sur les grandes chaînes d’information des bandeaux à peine relus. Vous me direz, c’est normal, c’est mon métier la chasse aux fautes d’orthographe. Mais quand même, il y a des limites !

 

 

J’ai tendance à penser qu’un journaliste est censé maîtriser l’écrit, un publicitaire également. Et vous ?

 

 

Est-ce que ceux dont le métier est l’écrit ou qui utilisent l’écrit dans le cadre professionnel ne renoncent pas finalement ? Est-ce qu’il n’y a pas un laisser-aller en pariant que personne ne verra ces fautes ? Le niveau d’exigence est-il moindre puisque de toute façon c’est devenu monnaie courante de faire des fautes et que seule, l’image compte ?

 

 

Tout cela participe à une baisse du niveau de maîtrise et donc inévitablement à une transformation de la langue écrite, non ?

 

Je lance un débat, mais je n’ai pas la réponse. Je regarde et je cherche à comprendre, c’est tout.

 

 

Je crains néanmoins de voir mourir à petit feu la langue française écrite. Cette langue que j’affectionne tout particulièrement est en pleine mutation et lorsque je me projette, j’imagine que sa maîtrise pourrait devenir un savoir-faire rare à l’instar des techniques artisanales en voie de disparition.

 

 

La combinaison des émojis, de l’image et des mots signe peut-être l’arrivée d’une nouvelle langue et pourrait, d’ici quelques dizaines d’années, faire du français une langue morte.

 

 

En attendant, je continue, à mon échelle, à travailler pour le faire vivre.